Voyage spatial : une autre première pour SpaceX

La société SpaceX a mené à bien un nouvel exploit le 13 octobre en récupérant intact le premier étage de sa fusée Starship sur sa rampe de lancement d’origine, à Boca Chica, au Texas. Ce succès a aussitôt été salué par le directeur de la NASA, Bill Nelson, qui s’est exclamé que « la poursuite des essais nous préparera aux missions audacieuses qui nous attendent, notamment le voyage vers la région du pôle sud de la Lune, puis vers Mars ». Il s’agit du cinquième vol d’essai de Starship, la plus grande fusée du monde, et des dizaines d’autres vols d’essai sont prévus.

Le premier étage de la fusée, ou booster, mesure plus de 70 mètres de haut, et la fusée entière, deuxième étage compris, un peu plus de 121 mètres, ce qui en fait la plus haute au monde. Le vaisseau est équipé de 33 moteurs Raptor (entièrement fabriqués aux États-Unis par SpaceX), les moteurs de fusée les plus puissants qui existent. Dans une manœuvre spectaculaire, le booster et ses précieux moteurs ont été rattrapés par deux bras mécaniques lors de leur retour sur Terre le 13 octobre. Ce nouveau développement réduit non seulement le coût de lancement en éliminant la nécessité de déployer une plate-forme d’atterrissage en mer, mais il permettra aussi une rotation et une réutilisation plus rapides de la fusée, ce qui se traduira par des économies supplémentaires.

Selon le fondateur et PDG de SpaceX, Elon Musk, l’entreprise prévoit de lancer dans quelques mois de nouveaux tests visant à récupérer également l’étage supérieur : « Avec un peu de chance, au début de l’année prochaine, nous rattraperons aussi le vaisseau », a-t-il écrit sur X.

Pour comprendre l’importance de cet exploit, il faut savoir que la fusée, tout en s’élevant lors de son lancement, se déplace également latéralement vers l’est, en profitant de la rotation de la Terre dans cette direction pour augmenter sa vitesse relative. C’est cette phase d’ascension « lourde » qui consomme la majeure partie du carburant et de l’énergie de la fusée, car l’attraction de la gravité diminue à mesure que l’on gagne en altitude.

Depuis le début de l’ère spatiale, le premier étage « usé » d’une fusée retombait simplement dans l’océan Atlantique ou, dans le cas de la Chine ou de la Russie, dans le Pacifique, et coulait irrémédiablement au fond de l’eau. Ce processus fut chamboulé pour la première fois en 2016, lorsque SpaceX (après quelques tentatives infructueuses depuis 2015) réussit à récupérer un premier étage de fusée et à le faire atterrir sur une barge flottant dans l’océan Atlantique.

Équipé d’un logiciel le maintenant à la verticale, ce premier étage utilisait ses propres moteurs pour réduire sa vitesse jusqu’à zéro au point d’atterrissage. L’engin récupéré fut ensuite renvoyé à Cap Canaveral, où les moteurs furent nettoyés et le booster réassemblé en vue d’un nouveau lancement. La première fusée « recyclée » fut lancée l’année suivante.

Cette fois-ci, pour réussir son atterrissage sur son site de lancement, au lieu de retomber sur Terre, la fusée est revenue sur ses pas, un exploit nécessitant à la fois un logiciel de navigation amélioré et la mise à feu contrôlée de ses propres moteurs, cette fois pour rentrer dans l’atmosphère. Cet exploit permet de clore le cycle de lancement, de telle sorte que l’humanité vient de franchir un nouveau pas vers son avenir d’espèce multiplanétaire.