Vladimir Poutine dans ses propres mots

Nul doute que l’interview accordée par le président russe à Tucker Carlson, diffusée le 9 février, a connu un grand succès international, du moins en termes d’audience (en anglais ici et traduction du texte en français par Sputnik ici. Dès les trois premiers jours de sa diffusion, plus de 200 millions de vues ont été enregistrées sur diverses plateformes. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a commenté ainsi ce succès : « Le plus important pour nous est de faire entendre notre Président. S’il est entendu, davantage de personnes se demanderont s’il a raison ou non. Du moins, ils réfléchiront. »

On ne peut qu’être d’accord sur l’importance d’écouter et de prendre en compte les propos des dirigeants du monde. Et surtout de ne pas se fier aux récits diffusés par les médias grand public, qui sont tout sauf indépendants. Dans cet esprit, nous mentionnons quelques points forts de l’interview de Vladimir Poutine.

Négociations. Le président russe a souligné à plusieurs reprises que la Russie tient vraiment à travailler avec l’Occident et les États-Unis, comme elle a tenté de le faire à plusieurs reprises, mais en se heurtant à une résistance inexpliquée de la part des cercles de pouvoir. Néanmoins, il ne ferme pas la porte à une future relation. Mais quel interlocuteur trouver à Washington ? « A qui parler là-bas ? Je ne comprends vraiment pas. Nous sommes prêts à parler, mais avec qui ? »

En ce qui concerne l’Ukraine, la Russie est prête à négocier, a-t-il souligné. Mais « si l’administration Zelensky en Ukraine a renoncé aux négociations, je suppose qu’ils l’ont fait sur les instructions de Washington. Maintenant, si Washington voit que c’était une mauvaise décision, qu’il la renie, qu’il trouve une sorte de prétexte honorable, n’offensant personne, qu’il trouve cette solution. »

Un peu plus tard, sur le même sujet : « Le président ukrainien a publié un décret interdisant de négocier avec nous. Qu’il annule ce décret, voilà tout. Nous n’avons jamais refusé de négocier. Nous entendons tout le temps : la Russie est-elle prête ? Oui, nous n’avons pas refusé ! Ce sont eux qui ont publiquement refusé. Eh bien, qu’il annule son décret et entame des négociations. »

L’Europe : Interrogé sur les raisons qui font que, selon lui, l’Allemagne accepte de voir son économie détruite à cause du coût élevé de l’énergie et n’a pas protesté contre le sabotage de Nord Stream, le président russe répondit : « Les dirigeants allemands d’aujourd’hui sont guidés davantage par les intérêts de l’Occident collectif que par l’intérêt national, sans quoi il est difficile d’expliquer la logique de leurs actions ou de leur inaction. En fin de compte, il ne s’agit pas seulement du Nord Stream 1, qu’on a fait sauter. Le Nord Stream 2 a été endommagé, mais une de ses conduites est intacte et pourrait servir à fournir du gaz à l’Europe, mais l’Allemagne ne la met pas en service. Nous sommes prêts, si vous le voulez. » En outre, comme l’a relevé Poutine, Berlin pourrait faire pression sur la Pologne pour qu’elle rouvre la route Yamal-Europe, ou encore sur l’Ukraine pour d’autres routes pour le gaz naturel, en échange de toutes les armes et les fonds que l’Allemagne lui fournit. « Les gens là-bas sont très incompétents », ajouta-t-il.

Quant à savoir pourquoi la Russie n’apporte pas la preuve du sabotage de Nord Stream, Vladimir Poutine estime qu’« il est très difficile de vaincre les États-Unis dans une guerre de propagande, car ils contrôlent tous les médias internationaux et de très nombreux médias européens. Les ultimes bénéficiaires des plus grands médias européens sont des fondations américaines. Vous ne le saviez pas ? »

La Chine et les BRICS. Vladimir Poutine ne craint-il pas de voir les BRICS finir par se laisser complètement dominer par l’économie chinoise ? lui demanda Tucker Carlson. « Ce sont des contes de croquemitaines, selon le Président russe. Nous sommes voisins de la Chine. Les voisins, c’est comme les parents, on ne les choisit pas. Nous avons avec eux une frontière commune de plusieurs milliers de kilomètres. C’est un premier point. Second point, nous sommes habitués à vivre ensemble depuis des siècles. Troisième point, la philosophie chinoise en politique étrangère n’est pas agressive. La conception chinoise en politique étrangère est toujours en quête d’un compromis, nous pouvons le constater.

En outre, l’objectif fixé pour les échanges commerciaux entre la Chine et la Russie a déjà été dépassé, a-t-il expliqué. Et « notre balance commerciale est bien équilibrée. Les chiffres se complètent mutuellement dans le secteur de la haute technologie, de l’énergie et du développement scientifique. C’est très équilibré. »

Quant aux BRICS dans leur ensemble, les pays membres « se développent à un rythme très rapide ». En 1992, la part des BRICS dans l’économie mondiale « n’était que de 16 %, mais elle dépasse désormais le niveau du G7. Et cela n’a rien à voir avec les événements en Ukraine. Les tendances du développement et de l’économie mondiale sont celles que je viens de mentionner, c’est inévitable. Cela va continuer : on ne peut pas empêcher le soleil de se lever, il faut s’adapter. »

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