Se débarrassant des « esclaves de salon », Burkina Faso, Mali et Niger créent une nouvelle Confédération

Lors d’un sommet tenu le 6 juillet à Niamey, capitale du Niger, les dirigeants de trois anciennes colonies françaises d’Afrique de l’Ouest ont créé une Confédération de l’Alliance des États du Sahel. Ibrahim Traore (Burkina Faso), Assimi Goita (Mali) et Abdourahamane Tiani (Niger) ont décidé de doter la confédération « d’instruments propres pour le financement de notre politique économique et sociale » et de « mettre en place des mécanismes visant à faciliter la libre circulation des personnes, des biens et des services au sein de l’espace AES ». Ils ont également annoncé la création d’une banque d’investissement et d’un fonds de stabilisation au sein de l’AES.

Pour le dirigeant nigérien, cette Confédération « consacrera ainsi à l’aboutissement des aspirations de nos populations à sceller sur le socle de notre espace sahélien, une union d’Etats partageant les mêmes défis et les mêmes ambitions, en un mot le même destin ». En outre, il est convaincu que « dans le contexte géopolitique actuel, l’AES constitue le seul regroupement sous-régional efficient dans le domaine de la lutte contre le terrorisme ».

La CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) avait suspendu les trois pays à la suite des coups d’Etat militaires qui s’y étaient déroulés, respectivement en juillet 2023 au Niger, en septembre 2022 au Burkina Faso et en août 2021 au Mali.

Depuis, tous trois se sont retirés de l’organisation régionale. Ils ont également expulsé les soldats français présents sur leur territoire dans le cadre d’une mission de lutte contre le terrorisme djihadiste, et se sont tournés vers la Russie pour obtenir une assistance militaire.

Le ton du sommet avait été donné par le président intérimaire du Burkina Faso, Ibrahim Traore, pour qui l’Afrique souffre depuis trop longtemps de la domination des impérialistes qui n’ont qu’un seul cliché en tête : « L’Afrique est l’empire des esclaves. » Les impérialistes ont dirigé les pays du Sahel par l’intermédiaire de ce qu’il a appelé les « esclaves de salon » locaux, qui « n’ont d’autres repères que de chercher à vivre comme le maître, à satisfaire le maître et à faire tout ce que le maître leur dicte, a dénoncé le capitaine Traoré. Ils volent, ils pillent nos États, ils apportent tout au maître, et leurs richesses sont gardées par le maître…. Ils font tout pour vivre comme le maître et toujours le satisfaire. Lorsque le maître commande, ils exécutent. Nous avons demandé à ce maître de quitter les lieux. Pourquoi ne veulent-ils pas partir ? »

Pour donner une idée des besoins de développement de ces trois pays : la superficie totale de la nouvelle Confédération est cinq fois supérieure à celle de la France, avec une population de 71 millions d’habitants, contre 68 millions pour la France, mais ne disposant que de 1,59 gigawatt de puissance électrique installée, contre 135 gigawatts en France. En revanche, elle est beaucoup plus riche en matière de ressources naturelles et de population jeune.