Message d’Helga Zepp-LaRouche : « Transformer les épées en socs de charrue »

« Nul ne pourra prétendre, comme les historiens l’ont fait pour la Première Guerre mondiale, que nous sommes entrés dans la Troisième Guerre mondiale comme des somnambules. Les cris de guerre d’aujourd’hui sont si assourdissants qu’ils menacent de réveiller toutes les victimes des précédents conflits, y compris la Première et la Seconde Guerre mondiale. » C’est par ce constat que la présidente de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche, commence son message de Noël et de Nouvel An. Elle poursuit :

« L’argent des contribuables est déversé dans des dépenses militaires de toutes sortes, tandis que les économies civiles s’effondrent, que les infrastructures se dégradent et que les écoles et les hôpitaux sont fermés ou en ruines. Aux États-Unis, le budget de la défense du Pentagone pour 2024 s’élève à près de mille milliards de dollars, tandis que l’ensemble du budget de l’Union européenne et tous les budgets nationaux en Europe sont consacrés à la militarisation. Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, exige que l’on ‘se prépare à la guerre’, affirmant qu’il ne nous reste que cinq à huit ans avant un conflit militaire majeur avec la Russie. Les groupes de réflexion américains travaillent fébrilement sur des ‘jeux de guerre’ en vue d’un affrontement majeur avec la Chine, qui devrait, selon eux, avoir lieu le plus tôt possible. »

Pourquoi nous retrouvons-nous sur cette trajectoire qui ne peut aboutir qu’à une troisième guerre mondiale, se demande Mme LaRouche, dénonçant l’influence indue dont se targue le « complexe militaro-industriel » (CMI) dans tous les domaines de la société. Ainsi, après la dissolution de l’Union soviétique :

« Les États-Unis et les pays de l’OTAN ont opté pour le contrôle politique, pour l’idée que tous les pays du monde devaient adopter le modèle néolibéral occidental, fait de changements de régime, révolutions de couleur, guerres interventionnistes causant des millions de morts, implantation de bases militaires dans le monde entier, entraînement à la guerre de leurs alliés étrangers, expansion impériale de l’UE et de l’OTAN jusqu’à la création d’une OTAN mondiale comme moyen de contenir les rivaux réels et potentiels, sanctions visant à provoquer un changement de régime et, enfin, militarisation du dollar. Tout cela sous la bannière de ‘l’ordre fondé sur des règles’, de la démocratie libérale et des droits de l’homme.

« La Chine, au contraire, s’est concentrée avant tout sur le développement économique et la lutte pour sortir de la pauvreté 850 millions de ses propres citoyens, puis, de plus en plus, sur une coopération gagnant-gagnant avec les nations du Sud par le biais de l’initiative de la Nouvelle Route de la soie. Grâce à cette coopération, ces pays ont eu pour la première fois la possibilité de se libérer de la pauvreté et du sous-développement hérités de l’époque coloniale. Aujourd’hui, 150 pays du Sud collaborent avec la Chine dans des milliers de projets liés à la Nouvelle Route de la soie : construction de routes et de lignes ferroviaires à grande vitesse, ports, aéroports, corridors de développement, parcs industriels, etc. (…). »

Par conséquent, la tentative de bâtir un « ordre mondial unipolaire » reposant sur la puissance militaire s’est avérée un échec patent et a provoqué « un retour de flamme stratégique sans précédent », affirme Helga Zepp-LaRouche. Reste à savoir si l’Occident en tirera à temps la leçon, en optant pour la coopération avec les pays du Sud et le développement économique mutuel.

La difficulté, souligne-t-elle, c’est qu’« une grande partie des capacités économiques des États-Unis et une part croissante de celles de l’Europe ont été reprises en main par le CMI, et sont si étroitement liées aux grandes sociétés d’investissement et de gestion d’actifs de Wall Street et de la City de Londres qu’il faudrait plutôt parler de complexe militaro-industriel-financier (CMIF).

« Techniquement parlant, il serait relativement facile de réorienter ces capacités à des fins civiles et, au lieu de produire des bombardiers, des avions de chasse et des missiles, de se lancer dans la construction de systèmes ferroviaires à grande vitesse, de réacteurs nucléaires de quatrième génération intrinsèquement sûrs et de réacteurs à fusion nucléaire, ainsi que de stations spatiales pour les voyages internationaux dans l’espace. En d’autres termes, cette capacité industrielle actuellement utilisée pour détruire toute valeur physique réelle (car à quel autre usage sont destinés les systèmes d’armement ?) pourrait permettre de produire des biens utiles au service du bien commun. Au lieu de chars et de munitions, elles pourraient permettre de construire des écoles et des hôpitaux et aider nos nations à retrouver des économies prospères ! »

On peut retrouver le message intégral d’Helga Zepp-LaRouche ici.

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