Londres et Washington unissent leurs efforts dans la guerre permanente

Alors que le groupe de contact de l’OTAN sur l’Ukraine se réunissait à Ramstein (Allemagne) pour discuter de l’escalade de la guerre, les chefs des Services de renseignement américain et britannique optaient pour une manière inédite de faire connaître leur engagement conjoint : en cosignant une tribune dans le Financial Times (FT) du 7 septembre, suivie d’un événement public au FT Weekend Festival à Londres. Dans leur tribune, le chef du MI6, Sir Richard Moore, et le directeur de la CIA, William Burns, affirment que les deux pays « font face à un éventail de menaces sans précédent ».

Ils avertissent que « l’ordre mondial international – ce système équilibré qui a conduit à une paix et une stabilité relatives et qui s’est traduit par une augmentation du niveau de vie, des opportunités et de la prospérité – est menacé d’une manière que nous n’avons pas connue depuis la Guerre froide ». La « montée en puissance de la Chine » est présentée comme « le principal défi géopolitique et de renseignement du XXIe siècle », et en même temps, il est « plus vital que jamais » de résister à la guerre menée par Vladimir Poutine en Ukraine.

Lors de l’interview conjointe réalisée le même jour par le rédacteur en chef du FT, William Burns a mis en garde contre les relations de défense « troublantes » entre la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord. Ces propos sont cohérents avec l’article du 20 août paru dans le New York Times sur les préparatifs de Washington en vue d’une guerre nucléaire sur trois fronts contre la Russie, la Chine et la Corée du Nord.

Cinq jours plus tôt, un article du FT notait que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne étaient sur le point de réviser leur accord de défense mutuelle (MDA), qui associe étroitement les programmes d’armes nucléaires des deux pays, de manière à en supprimer la durée de dix ans actuellement prévue, pour le rendre permanent. Cela reviendrait à en faire un traité, sans passer par l’obligation, prévue par la Constitution, de le faire approuver par le Sénat américain. Selon David Cullen, directeur du groupe de réflexion britannique Nuclear Information Service, « le fait de conférer un caractère permanent aux accords de partage nucléaire constitue un changement substantiel des relations ».

Le président Biden en discutera certainement avec le Premier ministre britannique, Keir Starmer, lors de sa visite à la Maison Blanche le 13 septembre.