Les élections à Taïwan risquent d’accroître les tensions dans la région Asie-Pacifique

La victoire électorale à Taïwan du candidat présidentiel indépendantiste du Parti démocratique progressiste (PDP), Lai Ching-te, menace de compliquer les relations avec Beijing. Toutefois, Lai n’a obtenu qu’un peu plus de 40 % des voix, plus de 33 % allant au candidat du KMT (Kuomintang) et 26 % au candidat du Parti populaire de Taïwan, qui ne promeuvent pas l’indépendance de l’île. Le nouveau président aura du mal à faire passer des lois, car lors des élections législatives qui ont également eu lieu le 13 janvier, le PDP a perdu dix sièges, donnant au KMT une majorité d’un siège au parlement (52 KMT, 51 PDP, 8 PPT et 2 non affiliés). Lai devra donc travailler avec un parlement divisé et globalement opposé à toute initiative indépendantiste. Bien que Lai ait déclaré que la position de Taïwan ne changerait pas suite à une victoire de son parti et qu’il soutenait le statu quo, le danger pourrait plutôt venir de positions prises par des « forces extérieures », à savoir les États-Unis et le Japon.

La veille du scrutin, l’Armée chinoise avait publié une déclaration selon laquelle elle « écraserait » toute tentative d’indépendance de Taïwan. Quant au département d’État américain, il a déclaré après l’annonce des résultats, que Washington s’engageait à « poursuivre [ses] relations officieuses de longue date, conformément à la politique américaine d’une seule Chine, guidée par la Loi sur les relations avec Taiwan, les trois Communiqués conjoints et les Six Assurances ». Les première et troisième lois citées sont des accords conclus uniquement entre les États-Unis et Taïwan, sans la Chine. Les dirigeants de Beijing considèrent ces documents comme des tentatives d’affaiblir les trois Communiqués conjoints signés avec la République populaire de Chine.

Quoi qu’il en soit, Washington a immédiatement envoyé une délégation composée de deux anciens fonctionnaires américains, Stephen Hadley et James Steinberg, à Taipei pour des consultations. Bien qu’aucun d’eux ne soit un fonctionnaire de haut niveau (ce qui aurait déclenché une tempête), le symbole n’a pas échappé à la Chine. Une délégation japonaise est également arrivée à Taipei le lendemain du scrutin.

***OP CUT Commentant les résultats depuis Le Caire, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a souligné que Taïwan n’a jamais été une nation et ne le sera jamais à l’avenir. « Quiconque, sur l’île de Taïwan, souhaite en obtenir l’indépendance pour scinder le territoire de la Chine sera sévèrement puni par l’histoire et par la loi », a-t-il déclaré. En outre, il a rappelé que quiconque « au sein de la communauté internationale, viole le principe d’une seule Chine, s’ingère dans les affaires intérieures de la Chine et porte atteinte à sa souveraineté, et se heurtera assurément à l’opposition de l’ensemble du peuple chinois et même de la communauté internationale ».