Le Royaume-Uni a un nouveau gouvernement, mais garde la même politique

Les élections anticipées du 4 juillet en Grande-Bretagne ont infligé une défaite cuisante au parti conservateur qui, après 14 ans au pouvoir, a perdu les deux tiers de ses sièges au Parlement (passant de 367 à 119). Le Premier ministre Rishi Sunak, qui avait décidé d’organiser le scrutin en sachant que son parti allait perdre, a immédiatement démissionné et le chef du parti travailliste, Keir Starmer, a commencé à former un nouveau gouvernement.

Or, bien que le parti travailliste soit arrivé en tête, doublant presque son nombre de sièges, on ne peut pas vraiment parler de vainqueur. Beaucoup ont choisi des candidats travaillistes par défaut, pour se débarrasser des Tories, et en fin de compte, le parti a obtenu moins de voix que lors des dernières élections générales en 2019.

Les conservateurs sont donc évincés, mais le nouveau gouvernement apportera-t-il un quelconque changement ? Selon l’une de nos sources, avec Keir Starmer au 10 Downing Street, « c’est Tony Blair qui dirige à nouveau le pays ». Rappelons que c’est l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair qui avait fait pression sur Washington pour déclarer la guerre à l’Irak en 2003, qui a soutenu diverses opérations de changement de régime à travers le monde et qui, en 1999, proclama la fin de l’« ordre westphalien » et son remplacement par la doctrine de « la responsabilité de protéger ». Aussitôt élu, l’un des premiers appels téléphoniques de Starmer fut pour le président ukrainien Zelensky, l’assurant du soutien indéfectible de la Grande-Bretagne, ainsi que l’avaient fait Boris Johnson et Rishi Sunak avant lui.

En ce qui concerne le cabinet, le nouveau ministre des Affaires étrangères s’appelle David Lammy. Pour donner une idée de son profil, il a choisi pour premier interlocuteur téléphonique son homologue ukrainien Dmytro Kuleba, et défend fermement la guerre d’Israël à Gaza, allant jusqu’à justifier une attaque meurtrière contre un camp de réfugiés. En outre, il considère l’« urgence climatique » comme une priorité de son ministère.

A la Défense, John Healey, se trouvait à Kiev moins de 48 heures après sa nomination où il a promis au président Zelensky encore plus d’aide militaire. La nouvelle chancelière de l’Échiquier, Rachel Reeves, s’est engagée, pour sa part, à sauver le système financier transatlantique en faillite. Par ailleurs, en phase avec le Forum économique mondial (Davos), son ministère planche sur un coûteux plan d’investissement climatique. Mme Reeves est également vice-présidente des « Amis travaillistes d’Israël ».

Pour le côté positif, Jeremy Corbyn, l’ancien chef du parti travailliste qui avait été chassé par la faction de Tony Blair, s’est présenté en tant qu’indépendant et l’a emporté haut la main. Malheureusement, George Galloway, fervent activiste anti-guerre et défenseur de Gaza, a perdu le siège qu’il avait gagné en février, victime d’une campagne particulièrement vicieuse l’accusant de soutenir le terrorisme (voir AS 12/24).

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