Le rôle indispensable de la souveraineté en Europe

En réponse à une question posée lors du Forum d’Orvieto, Helga Zepp-LaRouche a évoqué les moyens d’inverser le déclin actuel de l’Europe :

« Alors, quelle est la solution ? La solution, c’est qu’il nous faut penser de manière complètement différente. Si nous nous accrochons à la politique partisane et aux procédures ‘normales’, je ne pense pas qu’il y ait de solution. Il faut tenir compte du changement de paradigme, car nous vivons actuellement une transformation historique qui met fin à 500 ans de colonialisme. Forts de la puissance de la Chine, les pays du Sud sont en train de former un nouveau système économique. Les taux de croissance en Asie et dans les pays qui s’associent à l’Initiative une Ceinture, une Route sont très élevés, alors que l’Europe et le monde transatlantique s’effondrent. Je pense donc que notre tâche consiste à convaincre les Européens ou de leur faire comprendre qu’ils doivent s’allier avec le Sud. (…) Nous devons créer 2 à 3 milliards de nouveaux emplois productifs dans les pays du Sud. Nous pourrions y parvenir si tous les pays d’Europe s’alliaient – et, espérons-le, avec le Japon et même les États-Unis à un moment donné – pour résoudre le problème des migrations de la seule manière vraiment humaine : en créant des emplois productifs afin que les jeunes d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique veuillent rester chez eux pour construire leurs propres pays. »

En plus de cela, a-t-elle ajouté, nous avons besoin d’une « nouvelle architecture de sécurité et de développement qui inclue tous les pays de la planète ». Par ailleurs, elle appelle à la création d’un Conseil de la Raison, composé de « sages » dans les domaines politique, de défense, scientifique et artistique, afin de conseiller les gouvernements et de proposer des solutions, « parce que les gouvernements actuels ne sont pas à la hauteur de la tâche ». Elle a cité des exemples historiques de telles approches, comme le Conseil de Florence pendant la Renaissance italienne, les architectes de la paix de Westphalie ou la Commission Vérité et Réconciliation qui a aidé l’Afrique du Sud à surmonter l’apartheid.

Toutefois, a souligné Helga Zepp-LaRouche, la souveraineté est une « condition préalable absolument importante ». Pourquoi ?

« Jusqu’au XVème siècle, les formes de gouvernement étaient oligarchiques. (…) Il n’y avait pas de participation de l’individu au gouvernement. Puis, au XVème siècle, grâce à différentes influences – comme la Renaissance italienne, qui a constitué un grand pas en avant dans l’histoire de l’Europe, ou le gouvernement de Louis XI en France où le revenu du peuple a doublé en 20 ans – Nicolas de Cues a développé dans ses écrits, pour la première fois, la notion selon laquelle un gouvernement n’est légitime que s’il a l’assentiment des gouvernés. (…)

« C’est quelque chose qui a complètement disparu aujourd’hui, où les gouvernements font ce qu’ils veulent. C’est donc la notion de Nicolas de Cues de la relation réciproque entre le gouvernement et les gouvernés, par l’intermédiaire de représentants, qui a permis à l’individu – pour la première fois – de participer au gouvernement. C’est pourquoi nous devons absolument rejeter les institutions supranationales comme l’UE, parce que l’UE est une gigantesque bureaucratie avec des effectifs énormes, sans transparence, sans comptes à rendre. Et la participation du citoyen individuel, que ce soit en Italie, au Kosovo, ou en Allemagne, n’existe pas. »

Pour conclure, Mme LaRouche a souligné la nécessité d’une renaissance culturelle :

« J’ai entendu certains intervenants hier et aujourd’hui parler de la nécessité de renouer avec notre fondement grec, romain, chrétien. Je suis tout à fait d’accord, et j’irais même plus loin en disant que nous avons besoin de toute urgence d’une renaissance classique des meilleures traditions de l’Europe. La Grèce classique, les contributions italiennes de Dante, de Pétrarque, du Conseil de Florence, de la Renaissance, de même que les classiques allemands de Bach à Beethoven, de Lessing à Schiller.

« Ce sont des idées tellement importantes que nos jeunes ne connaissent plus, que nous devons donc les faire revivre et les traduire dans la réalité. De plus, il faut instaurer un dialogue culturel entre les meilleures traditions de l’Europe et les meilleures traditions de la Chine, de l’Inde, de l’Afrique et de l’Amérique latine. Car ce n’est que si nous comprenons les autres cultures, si nous commençons à découvrir la beauté de leur poésie, de leur musique, que nous commençons à aimer ces autres pays. C’est le meilleur remède contre toute forme de chauvinisme ou de nationalisme mal compris.

« Je n’ai jamais entendu Ursula von der Leyen, Olaf Scholz, Annalena Baerbock, ou d’autres, parler d’une belle idée de l’Europe. C’est pourquoi ils sont totalement inaptes à sauver l’Europe à ce stade. »