Le pouvoir du G7 affiche sa faiblesse

Réunis pour leur sommet annuel en Italie, du 13 au 15 juin, les chefs d’État et de gouvernement de ce qui était les sept principaux pays industrialisés du monde, ont dû reconnaître leur incapacité à imposer au reste du monde leur règle du jeu. Même dans leurs propres pays, la plupart d’entre eux sont très affaiblis, voire sur la voie de sortie. C’est pourquoi ils se rabattent sur la menace, le bluff et la guerre.

La première cible dans leur collimateur était la Russie, la Chine arrivant en deuxième position, suivie des pays BRICS et de tous ceux qui se rebiffent contre « l’Occident ». Le président américain Biden a résumé ainsi les décisions prises à l’égard de la Russie : « Au G7, nous avons pris trois mesures majeures qui montrent collectivement à Poutine qu’il ne peut pas nous faire perdre patience, qu’il ne peut pas nous diviser et que nous serons aux côtés de l’Ukraine jusqu’à ce qu’elle l’emporte. Tout d’abord, l’accord bilatéral de sécurité qui vient d’être signé [le 13 juin entre les présidents Biden et Zelensky]. Deuxièmement, un accord historique visant à fournir à l’Ukraine pour 50 milliards de dollars provenant d’avoirs souverains russes. Et troisièmement, un accord visant à garantir que notre stratégie de sanctions perturbe les pays tiers qui alimentent l’effort de guerre de la Russie. »

L’initiative qui sapera le plus la confiance internationale dans le système monétaire est l’utilisation (ou plutôt le vol) des revenus des avoirs russes illégalement gelés dans les banques occidentales depuis mars 2022, pour financer la guerre en Ukraine, à hauteur de 50 milliards de dollars.

En outre, le communiqué final exige que la Russie indemnise l’Ukraine pour les dommages qu’elle lui a causés, estimés aujourd’hui à plus de 486 milliards de dollars. (Si ce principe était appliqué aux Etats-Unis ou aux pays européens pour les dommages de guerre qu’ils ont causés, imaginez un peu les sommes qui seraient en jeu !)

Et comme l’opposition à « l’ordre fondé sur des règles » défini par le G7 ne cesse de croître, tant dans le Sud que dans les sept pays concernés, les dirigeants ont également convenu de brider la liberté d’expression. Le communiqué final exprime leur volonté de contrôler l’opinion publique, afin de faire taire toute opinion dissidente, notamment en période électorale – le tout, bien entendu, au nom de la défense des « valeurs démocratiques ». Le nom de code utilisé par le G7 pour justifier la répression est « Manipulation de l’information et ingérence étrangères » (FIMI en anglais).

Par ailleurs, il est clair que la « conférence de paix », qui s’est tenue en Suisse le week-end dernier à la demande de Kiev, s’est avérée un fiasco. Si quelque 90 pays y étaient représentés, seule une poignée d’entre eux (en dehors de l’Europe) l’étaient au niveau des chefs d’État. L’Argentine, l’Équateur, le Kenya et la Somalie sont les seules nations du Sud à avoir envoyé des chefs d’État, tandis que d’autres, comme la Chine, n’y ont envoyé aucune délégation. Quant au plus fidèle allié de Kiev, le président Biden, en campagne électorale, s’était fait remplacer par sa vice-présidente, Kamala Harris, qui n’y resta que quelques heures, tout comme le chancelier allemand Olaf Scholz.

Le chancelier autrichien Karl Nehammer a bien cerné le problème : « Nous sommes dans une sorte de chambre d’écho occidentale, a-t-il déclaré. Nous [Occidentaux] sommes tous d’accord, mais cela ne suffit pas. Sans les régions d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud, nous ne pourrons pas faire changer d’avis la Fédération russe. »