Le parti de la guerre rallie la campagne de Kamala Harris

Les énormes sommes d’argent ayant afflué dans les caisses de campagne de Kamala Harris dès l’annonce de sa candidature sont invoquées comme preuve de ses chances de battre Donald Trump en novembre. Son comité électoral a ainsi reçu 310 millions de dollars en juillet, un montant record pour une campagne, qui éclipse les 138,7 millions récoltés par la campagne de Trump au cours du même mois.

Les médias ont attribué ce résultat à « l’enthousiasme » pour une candidate plus jeune, de surcroît une femme, dont l’image a par la suite dominé les nouvelles 24 heures sur 24. Après des semaines d’incertitude provoquée par le déclin mental et physique évident de Joe Biden, c’était comme un gros soupir de soulagement. L’aspect beaucoup moins commenté est la manière dont Joe Biden a été « convaincu » de retirer sa candidature, suite à la révolte des bailleurs de fonds du Parti démocrate, qui craignent une victoire de Donald Trump.

Pour Robert F. Kennedy Jr, qui se présente comme candidat indépendant à la présidence, après son exclusion des primaires démocrates, l’orchestration du retrait de Joe Biden et de la nomination de Kamala Harris démontrent « l’emprise des grandes entreprises » sur le parti. Il estime que la « nouvelle oligarchie de milliardaires » a choisi Harris, en bonne représentante du parti de la guerre, pour détourner l’attention des vrais problèmes, notamment « la fusion du pouvoir de l’État et des entreprises (…) et l’addiction aux guerres à l’étranger ».

Le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, est désormais censé rassurer les électeurs pour qui Kamala Harris est trop « distante » et élitiste. Si Kamala Harris a peu parlé de la guerre en Ukraine depuis son adoubement comme candidate, elle l’a soutenue avec enthousiasme en tant que vice-présidente. Lors de la Conférence sur la sécurité de Munich 2024, en février dernier, elle a averti qu’une présidence Trump se traduirait par l’isolationnisme et l’autoritarisme des Etats-Unis, et défendu le rôle hégémonique des États-Unis au sein de l’« ordre fondé sur les règles ». L’Amérique doit « s’opposer à Poutine en Europe et [avoir] une forte présence américaine dans la région indo-pacifique », a-t-elle déclaré. Puis, lors du sommet de la paix qui s’est tenu en Suisse il y a quelques semaines, elle a déclaré qu’il était dans « nos intérêts stratégiques » de soutenir l’Ukraine avec force.

Du côté des milliardaires faisant partie de la machine de guerre, on se félicite du retrait de Joe Biden. Grands cabinets d’avocats d’affaires, magnats d’Hollywood et dirigeants d’entreprises high-tech ont été les premiers à verser des contributions record pour la campagne de la nouvelle favorite. Sans parler d’un groupe de 500 investisseurs en capital-risque (venture capitalists, ou VC), qui a créé le site vcsforkamala.org, ou des milliardaires du secteur technologique appartenant à des entreprises de la Silicon Valley, comme Google et Open AI, fleurons du complexe militaro-industriel.