Israël : le chef du Shin Bet dénonce les extrémistes du gouvernement Netanyahou

Ainsi que l’a confirmé le 22 août le plus haut responsable humanitaire des Nations unies pour les territoires palestiniens, Muhannad Hadi, environ 90 % des 2,1 millions d’habitants de Gaza ont été déplacés, souvent à plusieurs reprises, depuis le 7 octobre. Ils sont contraints de trouver refuge dans des zones de plus en plus petites, surpeuplées et dangereuses, où ils sont généralement privés de soins médicaux, d’abri, de puits d’eau et d’aide humanitaire. Les Nations unies estiment aujourd’hui qu’environ 20 % de la population est confrontée à la faim, voire à la famine. Or, le Hamas n’a pas été démantelé et les otages n’ont pas été libérés, ce qui suscite une colère et une frustration croissantes en Israël même.

En Cisjordanie également, la population palestinienne subit une recrudescence de la violence et de la répression de la part des forces de sécurité israéliennes et des fanatiques du mouvement des colons. La situation est si intenable que Ronen Bar, le chef du Shin Bet, le service de sécurité intérieure israélienne, a envoyé une lettre de protestation au Premier ministre Netanyahou, reproduite le 22 août par Channel 12 News. Il y dénonce le mouvement extrémiste des colons et son principal sponsor, le ministre de la Sécurité Itamar Ben-Gvir, accusés de faire courir un danger extrême à Israël. Leurs émeutes et leurs violences, écrit-il, s’apparentent à du terrorisme.

Leurs agissements, explique Ronen Bar, infligent à l’État d’Israël des dommages « indescriptibles : délégitimation mondiale, même parmi nos meilleurs alliés ; éparpillement du personnel des Forces de défense (…) qui n’ont pas vocation à traiter une telle situation ; attaques vengeresses ouvrant un nouveau front dans la guerre multi-frontale que nous menons ; participation de nouveaux acteurs au cycle de la terreur ; pente glissante vers le sentiment d’un manque de gouvernance ; (…) une énorme tache sur le judaïsme et sur nous tous. »

Pour toute réponse, le ministre Ben-Givr a exigé le licenciement de Ronen Bar, à qui il a même attribué la responsabilité des attentats du 7 octobre perpétrés par le Hamas. Par contre, Ronen Bar a reçu le soutien du ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui a écrit sur son compte X qu’étant donné le danger pour la sécurité et l’unité nationales que faisaient courir les « actions irresponsables de Ben-Gvir », le chef du service de renseignement intérieur a le devoir de mettre en garde contre « les graves conséquences de ces actes ».