Le ministre allemand de l’Économie n’impressionne pas la Chine

Au cours de sa visite en Chine les 22 et 23 juin, les interlocuteurs du ministre Robert Habeck auraient voulu entendre de sa bouche un « non » clair et net sur deux points clés : les droits de douane spéciaux de l’UE sur les véhicules électriques fabriqués en Chine, et la stratégie de « dé-risquage » de l’UE vis-à-vis de Beijing. Or, le ministre du parti Vert les a assurément déçus là-dessus. De plus, vu ses avertissements concernant les conséquences commerciales à attendre du soutien chinois à la Russie, il n’a pas été reçu au plus haut niveau, le Premier ministre Li Qiang ayant annulé peu avant la réunion prévue, un affront mentionné dans le point presse du 24 juin du ministère des Affaires étrangères.

Robert Habeck a toutefois pu rencontrer le président de la Commission nationale du développement et de la réforme (CNDR), Zheng Shanjie, le ministre du Commerce, Wang Wentao, et le ministre de l’Industrie, Jin Zhuanglong. Avec Zheng Shanjie, il a coprésidé la première session plénière du dialogue sino-allemand sur le climat et la transformation, afin de discuter de la mise en œuvre d’une politique climatique ambitieuse. Aux côtés de M. Habeck, qui est également ministre du Climat, se tenait Jennifer Morgan, l’ancienne directrice exécutive de Greenpeace, une Américaine ayant acquis la nationalité allemande après avoir été nommée ministre adjointe des Affaires étrangères chargée des questions climatiques en février 2022 par la ministre Annalena Baerbock.

Concernant la question controversée des droits de douane décidés par la Commission européenne sur les voitures électriques fabriquées en Chine, censés entrer en vigueur en novembre, Beijing est prêt à engager des négociations (non pas grâce à l’habileté diplomatique de Robert Habeck, mais en vertu d’une décision déjà prise auparavant par le gouvernement chinois). L‘industrie allemande soutient, elle aussi, l’ouverture de négociations visant à empêcher l’entrée en vigueur des droits de douane, comme l’a clairement indiqué Maximilian Butek, de la Chambre de commerce allemande en Chine, avant l’arrivée de la délégation allemande.

En contre-poids à l’ambiguïté du gouvernement allemand à ce sujet, il est significatif que la chaîne CGTN ait interviewé Helga Zepp-LaRouche dans son émission en direct Asia Today du 22 juin, en lui demandant si elle voyait un « terrain d’entente » entre la Chine et l’Union européenne sur les questions commerciales. Comme l’a indiqué Mme LaRouche, l’UE subit d’énormes pressions de la part de Washington et de Londres pour se découpler de la Chine, mais les nations européennes doivent défendre leurs propres intérêts et créer des liens constructifs avec la majorité mondiale, dont la Chine est un acteur de premier plan.

Par ailleurs, elle a fait remarquer que l’industrie allemande pèse de tout son poids contre les restrictions voulues par Bruxelles. Etant donné qu’un emploi sur six en Allemagne dépend de l’industrie automobile et que toute la nation dépend de ses exportations, elle aurait tout intérêt à s’associer aux BRICS, à la majorité mondiale et au nouveau système économique émergent.

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