Le gouvernement allemand fonce dans la militarisation

La déclaration commune signée par Washington et Berlin en marge du sommet de l’OTAN, la semaine dernière, engage l’Allemagne encore plus dans le bourbier ukrainien, tout en la rendant encore plus vulnérable à d’éventuelles ripostes russes. Selon les termes de cette déclaration, à partir de 2026, les États-Unis commenceront à installer des missiles à longue portée en Allemagne, y compris « des SM-6, des Tomahawk et des armes hypersoniques en cours de développement, qui ont une portée beaucoup plus longue que les équipements terrestres actuels en Europe ». Avec une portée de 1600 à 2500 km, le Tomahawk met Moscou à portée du territoire allemand. Et pour souligner le rôle accru de l’Allemagne, il a été annoncé peu avant le sommet de l’OTAN qu’un nouveau centre serait mis en place sur la base militaire américaine de Wiesbaden-Erbenheim pour coordonner l’ensemble du soutien militaire à l’Ukraine.

Dans le cadre de cet effort de guerre, le ministère allemand de la Défense enrôle Rheinmetall (premier producteur militaire du pays, avec un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros cette année), pour fournir le nécessaire, des chars d’infanterie légers et chars de combat jusqu’aux obus d’artillerie, en passant par des systèmes antiaériens et de drones.

Dans une interview accordée au Frankfurter Allgemeine Zeitung du 11 juillet, le PDG de Rheinmetall, Armin Papperger, a précisé que l’objectif de fabriquer 1,1 million de grenades d’artillerie d’ici 2026 (hausse énorme par rapport aux 70 000 produites en 2022) fera de son entreprise le plus grand fabricant d’obus du monde occidental. Rheinmetall construit de nouveaux sites de production de poudre à canon en Roumanie et en Allemagne, et d’obus d’artillerie en Lituanie, tout en doublant sa production en Espagne, a déclaré Papperger, soulignant que ce programme se poursuivra indépendamment de l’évolution du conflit en Ukraine. Ce géant de la défense prévoit une augmentation de son chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros chaque année à partir de maintenant.

Dans le cadre d’une joint venture qui vient d’être signée avec le producteur militaire italien Leonardo, Rheinmetall prévoit également de fabriquer des chars de combat Panther et des véhicules de combat d’infanterie Lynx, 550 au total. En outre, il fournira 4000 camions aux forces armées allemandes. Tout cela dans le but de rendre l’Allemagne « prête à faire la guerre » contre la Russie avec des systèmes d’armes conventionnelles, comme s’en vante le ministre de la Défense Boris Pistorius.

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