Le commerce international sans dollar se développe parmi les BRICS

En réaction à l’utilisation du dollar américain comme arme politique et diplomatique, les pays membres des BRICS ont compris leur intérêt à financer leurs échanges bilatéraux en monnaies locales, notamment les trois plus grands d’entre eux : la Chine, l’Inde et la Russie. Dans une interview accordée à Xinhua le 15 mai, à la veille de sa visite en Chine, Vladimir Poutine a souligné que le chiffre d’affaires entre la Russie et la Chine avait doublé au cours des cinq dernières années et que « plus de 90 % des règlements entre nos entreprises se font en monnaie nationale », rouble et yuan.

Or, le commerce en monnaie locale a ses limites. Si le commerce bilatéral est déséquilibré (les importations d’un pays dépassant de loin ses exportations vers le pays partenaire), les réserves non dépensées en devises locales s’accumulent, comme c’était le cas entre la Russie et l’Inde. Dans ce contexte, il y a quelques mois, New Delhi a autorisé les banques de 22 pays partenaires, dont la Russie et la Grande-Bretagne, à ouvrir des comptes « vostro » pour faciliter les échanges en roupies. Ce type de compte permet à une banque domiciliée dans un pays de détenir, pour le compte d’une banque étrangère, un compte bancaire libellé dans la devise de la première. C’est ainsi que la Russie a pu utiliser environ la moitié des fonds accumulés dans son compte vostro, provenant avant tout d’exportations d’énergie vers l’Inde, pour acheter du matériel militaire.

Si ces échanges pouvaient être réglés dans une unité de compte valable également dans les autres pays des BRICS (et au-delà), le commerce en profiterait. Une telle unité pourrait être rattachée à un panier de produits de base afin d’assurer la stabilité monétaire, comme l’a suggéré Lyndon LaRouche, qui précisait toutefois que la véritable stabilité ne peut être assurée que par un engagement mutuel des nations participantes en faveur du bien-être général de leurs populations.