La Suisse prête à abandonner la neutralité ?

Le 21 août, le gouvernement suisse (Conseil fédéral) a formellement approuvé la participation nationale à deux projets du pacte militaire de l’Union européenne baptisé « Projet de coopération structurée permanente » (PESCO). Le programme de Mobilité militaire vise à faciliter le transport transfrontalier et le déploiement des différentes forces armées dans tous les pays participants, ce qui devrait simplifier les opérations militaires de la Suisse à l’étranger.

Cette décision a été vivement dénoncée par l’Union démocratique du centre (UDC) comme une violation de la neutralité helvétique. Dans une déclaration publiée sur son site, l’UDC accuse le Conseil fédéral d’abandonner « à la légère la neutralité et la souveraineté de notre pays. En outre, en participant au pacte militaire de l’UE, le Conseil fédéral met en jeu la sécurité de la population suisse par négligence grossière. L’UDC exige que le Conseil fédéral soumette impérativement cette question au Parlement. »

La déclaration précise plus loin que « l’UE exige des Etats participant aux projets PESCO qu’ils soient en accord avec les objectifs de politique étrangère et de sécurité de l’UE. Les objectifs de la Suisse, en tant qu’Etat neutre et souverain, ne coïncident toutefois pas du tout avec ceux de l’UE. D’autant plus que l’UE se considère comme un acteur géopolitique et mène une politique d’expansion claire en ce qui concerne l’Ukraine, la Géorgie et la République de Moldavie. Une participation de la Suisse au pacte militaire de l’UE n’est pas compatible avec la neutralité de notre Etat et représente un danger pour la population suisse. De plus, la Suisse perdrait sa souveraineté en matière de défense nationale. »

De son côté, le gouvernement nie les accusations, faisant valoir que la participation au projet n’impacterait pas les procédures de prise de décision. Toutefois, pour préparer la population à accepter l’abandon de la neutralité, le gouvernement brandit le spectre que la Russie pourrait envahir un pays voisin, voire la Suisse elle-même !