La militarisation de l’Allemagne, une aubaine pour l’industrie de la défense américaine

La visite de deux jours du ministre allemand de la Défense aux États-Unis, les 9 et 10 mai, a servi avant tout à faire du shopping pour des équipements militaires made in USA. Parmi les emplettes de Boris Pistorius figurent trois unités complètes de lanceurs de missiles à longue portée HIMARS à destination de l’Ukraine, et 60 hélicoptères de transport bimoteurs Chinook, fabriqués dans une usine Boeing que Pistorius a visitée le premier jour. Ces deux contrats doivent être financés par le « fonds spécial » de 100 milliards d’euros à usage militaire. Sur cette somme, un tiers sera consacré à l’achat d’avions de combat F-35, malgré les doutes exprimés par des experts militaires allemands, qui les jugent trop coûteux et pas vraiment efficaces sur les champs de bataille européens. Cela ne changera en rien le rapport de forces militaire, mais favorisera un conflit direct entre l’Allemagne et la Russie.

Et comme si cette volonté de militarisation aux frais du contribuable allemand n’était pas assez scandaleuse, pendant son séjour États-Unis, le ministre de la Défense a vanté les avantages économiques pour les entreprises américaines de la décision de Berlin de se rendre « prête à faire la guerre ». Il se peut que Pistorius écoute ces « experts » allemands de la défense qui estiment que l’achat d’équipements militaires américains facilitera la coopération avec une éventuelle administration Trump à partir de 2025.

On notera enfin que le budget de la défense et le soutien militaire à l’Ukraine sont tous deux exclus des coupes budgétaires que le gouvernement prévoit en 2024. Petite ironie, dans sa volonté d’être « prêt à la guerre », le gouvernement semble avoir oublié que les infrastructures du pays, notamment dans le secteur des transports, ne sont en aucun cas à la hauteur. Des milliers de ponts autoroutiers et ferroviaires et des milliers de kilomètres de voies ferrées doivent, au minimum, être réparés de toute urgence, voire complètement remplacés.