Face aux pressions de l’administration Biden, Beijing ne bouge pas

Quelques jours après que la divulgation dans le New York Times de quelques aspects du plan nucléaire ultra-secret adopté par l’administration Biden en mars dernier, axé sur la nécessité de dissuader la Chine, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, s’est rendu du 27 au 29 août dans la capitale chinoise, où il s’est entretenu pendant près de onze heures avec le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi. Il s’agissait de la première visite en Chine depuis huit ans d’un conseiller à la sécurité nationale, même si Jake Sullivan aurait déjà eu de très discrets entretiens avec des responsables chinois.

Sa visite intervient également une semaine après l’annonce par les États-Unis de nouvelles sanctions contre de grands groupes chinois, exportateurs de machines-outils non létales et de composants électroniques vers la Russie. À cet égard, l’un des principaux objectifs du haut-fonctionnaire américain était de convaincre d’une manière ou d’une autre les dirigeants chinois de limiter leurs échanges commerciaux avec la Russie, notamment de biens susceptibles de renforcer « la base industrielle de défense » de leur voisin du nord. Poliment mais fermement, les dirigeants chinois ont repoussé cette énième tentative de l’Occident de creuser un fossé entre les deux pays, qui se sont beaucoup rapprochés ces dernières années, avant tout à cause du statut qui leur a été assigné d’« ennemis de l’Occident ».

Du côté de la dissuasion nucléaire, l’émissaire de l’administration Biden n’a pas marqué plus de points. Après sa visite, le porte-parole du ministère chinois de la Défense, Wu Qian, a accusé Washington de prétexter une « menace nucléaire chinoise inexistante » pour développer son propre arsenal. La Chine maintient sa force nucléaire à un niveau minimum, a-t-il déclaré, et applique une doctrine de non-recours en premier aux armes nucléaires, contrairement aux États-Unis.

Néanmoins, le président Xi Jinping a pris le temps de recevoir Jake Sullivan et de lui expliquer personnellement sa politique étrangère. Comme à son habitude, il a proposé une approche conciliante, soulignant que dans un monde changeant et turbulent, les pays ont besoin de solidarité et de coordination, et non de division ou d’affrontement. Les États-Unis et la Chine, selon lui, « devraient être source de stabilité pour la paix mondiale et un moteur du développement commun ».

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