Des experts militaires sonnent l’alarme

Dans le cadre de sa mobilisation en Alerte rouge, l’Institut Schiller a consulté des experts militaires et du renseignement, qui ont exprimé leurs vives inquiétudes devant les possibles conséquences de ces attaques contre le système de défense russe. Nous en citons quelques-uns :

Theodore Postol, professeur émérite de science, technologie et sécurité nationale au Massachusetts Institute of Technology (MIT), expert en armes nucléaires (Etats-Unis)

« Le système russe d’alerte précoce par satellite est très limité et ne peut être utilisé pour couvrir les angles morts créés par les dommages subis par le radar. Les couloirs d’alerte radar de l’Atlantique, du Pacifique et du Nord sont plus conséquents, et les Russes disposent également de radars à Moscou. Cependant, les radars de Moscou ne détecteront les menaces que plus tard, ce qui raccourcira encore les délais d’alerte et de prise de décision, augmentant ainsi les risques d’un accident catastrophique. Les commandants des forces des fusées stratégiques, qui sont aux ordres des dirigeants politiques, seront très, très inquiets et n’auront d’autre choix que de considérer cette situation comme très sérieuse. Ils choisiront très certainement d’élever le niveau d’alerte de leurs forces de frappe nucléaire, ce qui augmentera encore les risques d’accidents pouvant conduire à une guerre nucléaire mondiale involontaire. »

Lt. Col. Ralph Bosshard (cr), Consultant en affaires militaires (Suisse)

« L’attaque contre le système d’alerte précoce russe ne peut guère être interprétée par les dirigeants russes autrement que comme une tentative d’aveuglement partiel de la Russie face à une attaque de missiles balistiques nucléaires contre son territoire. Elle sera considérée comme un ‘tir à blanc’ en prélude à une première frappe nucléaire surprise contre la Russie et pourrait obliger les dirigeants russes à prendre des mesures de riposte, même si la situation n’est pas claire. Ceci impactera aussi la situation au Moyen-Orient, où l’Iran pourrait se retrouver dans une situation similaire face à une éventuelle attaque conjointe des États-Unis et d’Israël. »

Colonel Alain Corvez (cr), Conseiller en stratégie internationale (France)

« Je soutiens la clairvoyante déclaration d’Helga Zepp LaRouche dénonçant l’attaque irresponsable et dangereuse des États-Unis d’Amérique en Russie. La destruction des radars d’alerte d’Armavir par des armes américaines est une provocation inacceptable par la Russie, qui va devoir riposter en Ukraine et sans doute en Europe ou ailleurs. Face au processus de perte de son hégémonie mondiale marquée par ses échecs successifs en Afghanistan, en Ukraine et en Palestine – pour ne citer que les derniers – l’administration au pouvoir en panique refuse le caractère inéluctable de sa fin en engageant un processus de guerre mondiale qui ne peut déboucher que sur la fin de l’humanité. »

Colonel Richard H. Black (cr), ancien sénateur de l’État de Virginie (Etats-Unis)

« Il s’agit de la poursuite du schéma selon lequel les forces de l’OTAN reconnaissent qu’elles sont en train de perdre la guerre en Ukraine, avec la rupture de ses fragiles lignes de défense, et leur réponse est l’escalade. Il s’agit non pas d’un accident mais d’une action délibérée. Ce n’est pas la première attaque contre la triade nucléaire russe. Les idéologues voient leur monde s’effondrer, après avoir fait flotter leur drapeau arc-en-ciel sur les pays conservateurs et [mené] des guerres perpétuelles. Ils sont hystériques et pourraient recourir à la guerre nucléaire pour se sortir de ce guêpier. (…) Vladimir Poutine est très conscient de la déconnexion de l’Occident, qui prétend qu’il ne fait que rouler des mécaniques, mais il n’en est rien – il informe l’Occident de la dangereuse réalité. »

Richard Sakwa, professeur émérite de politique russe et européenne, Kent University (Grande-Bretagne)

« Ils sont dans une spirale d’escalade, surtout après que Blinken a dit aux Ukrainiens qu’ils pouvaient ‘faire ce qu’ils voulaient avec leurs missiles’. Cela démontre l’irresponsabilité des dirigeants américains. Nous allons vers l’escalade nucléaire. L’Occident est confronté à une défaite en Ukraine, et c’est pourquoi il lance une escalade pour éviter la défaite. »

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