Contrairement au « sommet suisse », le Brésil et la Chine lancent une initiative sérieuse pour l’Ukraine

À la suite de discussions en profondeur entre le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, et le principal conseiller du président brésilien, Celso Amorim, le 23 mai à Beijing, les deux pays ont présenté une proposition en six points sur les principes et les mesures nécessaires pour favoriser des pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine, appelant d’autres nations à s’y joindre. Il s’agit d’une grande initiative de deux pays membres du groupe des BRICS, visant à mobiliser le Sud global dans un effort pour empêcher une nouvelle guerre mondiale qui risque d’être nucléaire.

Intitulée « Entente commune entre la Chine et le Brésil sur le règlement politique de la crise ukrainienne », cette proposition commence par appeler « toutes les parties concernées à observer trois principes pour désamorcer la situation, à savoir la non-extension du champ de bataille, la non-escalade des combats et la non-provocation par l’une ou l’autre des parties ». Elle part du principe que « le dialogue et la négociation sont la seule solution viable à la crise ukrainienne », et dans cette optique, « la Chine et le Brésil soutiennent une conférence de paix internationale à tenir à un moment opportun, reconnu à la fois par la Russie et l’Ukraine, avec la participation de toutes les parties sur un pied d’égalité, ainsi qu’une discussion équitable de tous les plans de paix » [souligné par nous].

D’autres conditions pour favoriser la paix sont énumérées, mais c’est son dernier point, portant sur la nécessité de changer le paradigme mondial des relations entre les nations, qui est le plus important. Selon ses termes, « il faut s’opposer à la division du monde en groupes politiques ou économiques isolés. Les deux parties appellent à renforcer la coopération internationale en matière d’énergie, de monnaie, de finance, de commerce, de sécurité alimentaire et de sécurité des infrastructures critiques, y compris oléoducs et gazoducs, câbles optiques sous-marins, installations électriques et énergétiques et réseaux de fibres optiques, afin de protéger la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales. »

Il semble que cette initiative soit vue par le Brésil et la Chine comme une alternative viable au faux « sommet de la paix » des 15 et 16 juin organisé en Suisse par Volodymyr Zelensky, dont la Russie a été exclue dès le départ. Bien que le président ukrainien ait invité quelque 160 chefs d’État et de gouvernement, à ce jour moins de 70 ont confirmé leur participation, la plupart originaires d’Europe. Parmi les pays ayant décliné l’invitation, citons le président chinois Xi Jinping (que Zelensky a qualifié pour cela d’« outil dans les mains de Poutine »), ainsi que le président brésilien Lula da Silva et son homologue sud-africain Ramaphosa, soit quatre des cinq États membres fondateurs des BRICS. Le cinquième, l’Inde, aurait décommandé son Premier ministre pour se faire représenter par un diplomate. Le roi saoudien et le président pakistanais répondront absents, rejoints paraît-il par les dirigeants égyptien et turc. Quant au président Biden, il a fait savoir que sa présence ce jour-là à un dîner de collecte de fonds du Parti démocrate était plus importante, mais qu’il y enverrait sa vice-présidente Kamala Harris, autrement invisible.

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