Le département d’État américain renforce la censure pour étouffer l’opposition à la guerre

Outre ses efforts pour provoquer la Russie, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a fait publier la semaine dernière une longue fiche d’information précisant les sanctions prises contre le média russe RT, son propriétaire Rossiya Segodya et d’autres sites d’information russes, ainsi que contre toute personne travaillant avec eux. S’adressant à la presse le 13 septembre, Antony Blinken a appelé d’autres gouvernements à faire de même, c’est-à-dire à interdire les sources d’information non conformes au récit officiel de Washington sur la Russie, et tant pis pour la liberté de la presse !

Les entités russes en question sont accusées de mener « des activités d’influence clandestines visant à saper les élections et les démocraties américaines, fonctionnant de facto comme un bras de l’appareil de renseignement russe ». Il s’agit du vieil argument tordu sur l’ingérence dans les élections, selon lequel le libre accès à l’information saperait la démocratie.

La fiche d’information prévoit ensuite des mesures radicales à l’encontre des personnes qui collaborent avec les médias sanctionnés, notamment la saisie de leurs biens et le blocage de leurs comptes bancaires. En raison de ces menaces, l’ancien inspecteur en désarmement de l’ONU Scott Ritter, un opposant déclaré au parti de la guerre, a dû interrompre ses relations contractuelles avec RT et Sputnik.

Cependant, vis-à-vis des médias russes, l’Union européenne avait même une longueur d’avance sur les Etats-Unis, puisque dès le mois de mars 2022, elle avait interdit RT et Sputnik. La récente arrestation par les autorités françaises du PDG de la messagerie Telegram, Pavel Durov, selon toute vraisemblance à la demande du Département d’État américain (voir AS 35/24), s’inscrit, elle aussi, dans cette offensive. Durov est accusé de ne pas avoir coopéré avec les forces de l’ordre dans le cadre d’enquêtes sur du trafic de stupéfiants, des contenus pédopornographiques et de la fraude, mais la vraie raison selon ses défenseurs, c’est que Telegram protège la vie privée de ses utilisateurs et les met à l’abri de la collecte de données.

Parmi les abus constatés aux Etats-Unis, on peut citer la perquisition au domicile de Scott Ritter et le fichage de « risque pour la sécurité nationale » sanctionnant l’ancienne députée et candidate à l’élection présidentielle, Tulsi Gabbard. Tous deux ont décidé de soutenir l’élection de Donald Trump, parce qu’il a dit et répété qu’il veut mettre fin à la guerre en Ukraine, et qu’il met en garde contre le danger de guerre nucléaire.

Certains se demandent pourquoi le département d’État américain s’engage maintenant dans des mesures de censure aussi flagrantes. La réponse est simple : c’est pour tenter de faire taire les voix, de plus en plus nombreuses, qui s’opposent à la stratégie de « guerre sans fin » des États-Unis et de l’OTAN.