Berlin nargue la Russie, tout en couvrant le sabotage du Nord Stream

Dans leur volonté de « préparer l’Allemagne à faire la guerre », ainsi que l’a proclamé le ministre de la Défense Boris Pistorius, les élites du pays ont apparemment oublié l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale et la défaite de leur armée face aux troupes soviétiques. C’est ainsi qu’aujourd’hui, elles n’hésitent pas à provoquer une Russie devenue superpuissance nucléaire, condamnant de fait l’Allemagne au suicide national, puisqu’en cas de guerre, elle serait la cible de missiles nucléaires provenant à la fois des pays de l’OTAN et de Russie.

Par exemple, on a pu voir un porte-parole du ministère de la Défense allemand soutenir sans réserve l’assaut de l’Ukraine contre la région de Koursk, affirmant qu’« il n’existe aucun obstacle » à l’utilisation d’armes de fabrication allemande, lors de cette offensive comme de toute autre que Kiev jugerait opportune. Pour la Russie, c’est peut-être franchir une ligne rouge de trop. En acceptant que Washington installe des centaines de missiles de croisière à longue portée sur son territoire et en s’engageant à livrer 600 missiles Patriot supplémentaires à Kiev, Berlin avait déjà ignoré d’autres lignes rouges, mais l’autorisation d’utiliser des armes allemandes constitue un grand pas de plus.

Pour les dirigeants russes, il ne fait aucun doute que l’incursion ukrainienne a été orchestrée par l’OTAN, et plus spécialement par les Américains, et que les pays impliqués puissent faire l’objet de représailles. Dans ce contexte, à une question de la chaîne de télévision Rossiya 1 sur d’éventuelles frappes lancées à partir d’« aérodromes de l’OTAN », le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Riabkov, a répondu le 4 août : « Toutes les armes et forces utilisées contre nous, dans le cadre ou au cours de l’opération militaire spéciale, sont pour nous des cibles légitimes. Et ceux qui n’écoutent qu’eux-mêmes, assis à Washington, à Bruxelles, à Varsovie ou ailleurs, feraient bien d’en tenir compte. »

En ce qui concerne une éventuelle attaque contre les centrales nucléaires de Koursk ou de Zaporijjia, le ministère russe de la Défense a averti le 18 août qu’un tel acte provoquerait immédiatement des « ripostes militaires et militaro-techniques sévères ». En effet, toute catastrophe impliquant des centrales ou des sites de stockage nucléaires risquerait de déclencher un échange nucléaire entre la Russie et l’OTAN.

Concernant le sabotage du gazoduc Nord Stream, le Wall Street Journal a publié le 14 août une histoire invraisemblable selon laquelle le complot aurait été ourdi par un groupe d’Ukrainiens ivres, dont faisaient partie l’ex-commandant en chef Valery Zaluzhniy, qui a finalement lancé l’opération, et de Volodymyr Zelensky lui-même, qui a retiré par la suite son approbation à la demande de la CIA. (Rien, par contre, sur le rôle de l’OTAN, de Washington ni de Londres.) Du côté allemand, l’ancien chef de l’agence de renseignement BND, August Hanning, estimait le lendemain sur Welt TV que le sabotage avait été mené par les services secrets ukrainiens, avec le soutien de la Pologne et avec l’approbation des deux Présidents. Pour certains, ces récits serviraient à préparer le terrain au renversement de Zelensky.

La version des autorités allemandes est encore moins crédible : un juge a émis un mandat d’arrêt à l’encontre d’un plongeur ukrainien qui se serait tranquillement rendu sur place à bord d’un yacht privé, avant de plonger pour déposer les explosifs sur les gazoducs. Il est identifié, le croirez-vous, sous le nom de « Volodymyr Z. »…