La Chine base sa diplomatie ukrainienne sur le développement

L’envoyé spécial de la Chine pour les Affaires eurasiennes, Li Hui, a entamé une tournée à partir du 28 juillet au Brésil, en Afrique du Sud et en Indonésie pour des consultations sur un plan de paix pour l’Ukraine. Ces trois pays ont tous pris des initiatives, chacun de son côté, pour encourager des négociations entre Moscou et Kiev. En mai dernier, le Brésil et la Chine ont proposé une initiative de paix conjointe qui bénéficie d’un large soutien international. Ces deux pays, ainsi que l’Afrique du Sud, sont des membres fondateurs des BRICS. Un quatrième membre, l’Inde, enverra à Kiev dans deux ou trois semaines son Premier ministre Narendra Modi, qui se propose d’agir en médiateur pour résoudre le conflit entre l’Ukraine et la Russie.

La mission de Li Hui fait suite à l’arrivée du ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, à Beijing le 23 juillet, pour trois jours de discussions sur un éventuel cessez-le-feu et le lancement de pourparlers de paix. Bien que les résultats de sa visite soient controversés, Kiev et Washington minimisant les progrès faits, et les Chinois conservant leur réserve diplomatique habituelle, le fait qu’elle ait eu lieu reflète l’importance grandissante de l’approche chinoise en matière diplomatique.

En effet, le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, a indiqué que la conclusion d’un règlement politique du conflit ne se basera pas sur une quelconque formule magique, mais sur la perspective des avantages qui découleront d’une coopération économique, par exemple dans le cadre de l’Initiative une Ceinture, une Route (ICR) et de ses grands projets. Il a rappelé comment, en décembre 2013 – c’est-à-dire avant le putsch de Maidan – le gouvernement ukrainien de l’époque avait déjà souhaité y participer. Selon CGTN le 24 juillet, Wang Yi a déclaré que « l’Ukraine était l’un des premiers pays à soutenir et à rejoindre l’ICR » et que les « deux parties devraient tirer profit du rôle des mécanismes de coopération bilatérale et renforcer la coopération pratique dans divers domaines ». Il a en outre proposé que les deux pays développent leurs relations dans une perspective à long terme.

A noter que Wang Yi n’a pas mentionné le coup d’État à Kiev ouvertement dirigé et financé par l’Occident, qui survint peu après la visite du président Viktor Ianoukovitch à Beijing en décembre 2013 et sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping. Les gouvernements successifs de Petro Porochenko et de Volodymyr Zelensky n’ont pas poursuivi ces plans de coopération. Toutefois, Wang Yi a simplement rappelé à l’Ukraine la voie qu’elle n’avait pas empruntée, impliquant que le reste était de l’histoire ancienne, et que Beijing était prête à la reprendre aujourd’hui.