Le FMI au Kenya : qu’ils mangent des balles !

La politique de pillage, dictée par le Fonds monétaire international au gouvernement kényan afin qu’il puisse rembourser sa dette extérieure, a déclenché un vaste mouvement national contre le FMI et le gouvernement, mené surtout par des jeunes se réclamant de la génération X. Les manifestations ont commencé après la présentation au parlement, le 9 mai, du projet de loi de finances 2024, prévoyant de fortes augmentations de l’impôt sur le revenu et des taxes sur la nourriture et autres produits de première nécessité. Face aux manifestants, le président Ruto a déployé des forces anti-émeutes et l’armée, occasionnant jusqu’à 30 morts et des centaines de blessés. Loin de stopper le mouvement, la répression a suscité des appels à sa destitution. La colère populaire, y compris avec le saccage du parlement, a finalement contraint le président à annoncer qu’il ne signerait pas le projet de loi de finances, qui a été retiré.

Dans son discours à la nation, William Ruto a admis que son gouvernement a du mal à réduire la dette extérieure, dont le remboursement dévore 61 shillings sur 100 shillings que le gouvernement perçoit en impôts. Par la suite, il a annoncé une coupe de de 2,7 milliards de dollars dans les dépenses publiques afin de couvrir la perte des nouvelles recettes fiscales, obéissant en cela aux diktats du FMI.

Londres suit la situation avec une nervosité qui se reflète dans des articles du Financial Times et de l’agence Reuters. Le FMI a versé des larmes de crocodile sur la mort des manifestants, tout en confirmant « surveiller de près de la situation au Kenya ». On craint, reconnaît le FT, que l’« esprit de protestation » se propage, en particulier au Nigeria.

La dette la plus toxique du Kenya, c’est-à-dire la partie la moins productive, est celle détenue par les détenteurs des obligations internationales du pays, levées sur les marchés monétaires européens. Selon la Banque africaine de développement, 44 % de la dette extérieure de toute l’Afrique se présente sous cette forme d’obligations, dont les taux d’intérêt sont excessifs, dépassant parfois 10 %, ce qui signifie que certains pays doivent consacrer jusqu’à 65 % de leur PIB au service de la dette extérieure.